Réflexions sur la théologie du langage

Confesser la foi de sa bouche

Dimanche prochain il sera question de la parole qui sort de la bouche de l’homme. Dans l’Évangile sans aucun doute mais également dans la deuxième lecture. « Si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé», écrit st Paul (Rm 10, 9). Voici une claire invitation à parler pour dire que Jésus est Seigneur.

Bien évidemment, la confession des lèvres est ici liée à ce qui est cru intérieurement. L’affirmation, exprimée oralement, que « Jésus est Seigneur » est rattachée à une attitude de foi, intérieure. S’il y a lien entre les deux, il n’y pas pour autant réduction de l’une à l’autre. Mais Paul ne se contente pas de cette attitude intérieure. C’est celui qui croit dans son cœur ET qui affirme de sa bouche sa foi en Jésus qui sera sauvé. Cette répétition n’est pas un simple effet de style. Ces lignes de Paul témoignent d’abord que la stratégie du chrétien dite "de l’enfouissement" n’est pas valable. Se convaincre que la foi est affaire privée et que seule compte la foi intérieure et non son expression extérieure n'est pas évangélique. Ainsi l’Évangile du mercredi des Cendres ne doit-il pas être mal compris. Ne pas rechercher l’approbation des hommes dans la pratique de l’aumône, du jeûne et de la prière ne signifie pas que la foi doit rester secrète. Au contraire, Paul invite le croyant à affirmer de sa bouche que Jésus est Seigneur. Pourquoi ? Parce que la parole proférée transforme celui qui la profère. Voilà ce que peut apporter une prise en compte théologique de la parole et du langage. Dans notre cas, celui qui confesse de sa bouche la foi en Jésus-Seigneur grandit dans cette foi. Alors quand proférer cette foi ?

Ces lignes de Paul, au cœur de l’Année de la Foi, sont peut-être l’occasion de nous rappeler que la foi est professée chaque dimanche. « Jésus est Seigneur » est une formule de foi de l’Église primitive. Pour simplifier on peut dire que, développée dans la Tradition de l’Église et précisée par quelques conciles, elle deviendra le Credo de nos assemblées dominicales. Là se trouve la première occasion de mettre en pratique la parole de Paul : « Si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, (…) alors tu seras sauvé ». Remarquez d’ailleurs combien dans le credo la partie relative à Jésus déploie cette vérité ! Dire le credo dominical nous fortifie donc dans la foi. Sans aucun doute y a-t-il d’autres manières de la mettre en pratique. Une, et non des moindres, est l’évangélisation. Qui, un jour, a déclaré à un non-croyant que Jésus est mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes, le croyant lui-même dans son cœur, peut l’attester. Et tout baptisé est invité à faire cette expérience.